L’Epi no, il faut qu’on en parle...

L’Epi no est un dispositif médical nous venant tout droit d’Allemagne, composé d’un ballon en silicone, d’une pompe et d’un manomètre. 

Ce ballon est inséré dans le vagin, à partir du 6 ème ou 8 ème mois de grossesse (variable selon les sources) et se gonfle, progressivement, pour atteindre la taille de la tête d’un bébé.

Cet outil est vendu pour éviter l’épisiotomie durant l’accouchement et pour la rééducation post natale (un gynécologue le conseille vivement pour éviter les prolapsus et l’incontinence). Il aurait également la vertu de supprimer la peur liée au passage de la « grosse » tête du bébé... 

Il serait né d’une pratique chez les femmes ougandaises qui, pour faciliter l’accouchement, introduiraient des calebasses à dimensions de plus en plus grandes, dans leur vagin, pour faciliter la naissance de leur bébé. 


Mais qu’en est-il réellement?


Avec une de mes collègues formatrices, Marie, nous en avons discuté et il en est ressorti ceci: lors de l’accouchement, des hormones sont sécrétées. 

Parmi celles-ci, on retrouve l’ocytocine, qui induit les contractions utérines. Elle est produite de façon graduelle, ce qui permet au fil du travail, d’allonger la durée des contractions et de les rapprocher. Elle intervient également dans le réflexe de poussée lors de l’expulsion du bébé. 


Afin de supporter les douleurs liées à ces contractions, des endorphines seront sécrétées. 


Enfin, l’adrénaline, qui apparaît en poussée importante, donnera l’élan, l’énergie, la fougue et la force nécessaires à la maman pour accoucher. Cette hormone, ainsi que la noradrénaline, interviennent également parfois en début de travail, pouvant le ralentir si elles sont sécrétées en trop grande quantité. 

Bref, autant dire que la nature est super bien faite pour donner la possibilité à la maman de faire naître son bébé. Le corps humain est tellement bien fait que tout est prévu pour accoucher et donc faire passer la tête du bébé (parfois les fesses, en cas de présentation en siège).


Dès lors, pourquoi utiliser un tel dispositif? 


Son utilisation provoque des déchirures internes (alors que c’est ce qu’on veut éviter lors de l’accouchement), qui risquent de déboucher sur des béances vaginales. Ces déchirures apparaissent parce que tout simplement, il n’y a pas d’hormones qui aident à cette dilatation lorsqu’on utilise l’epi no! Les parois vaginales ne sont pas faites pour être dilatées à ce point puisque les hormones prévues pour aider à l’accouchement ne sont pas présentes.


Il y a donc un réel danger pour la bonne forme du vagin, dans tous les sens du terme... 


D’autre part, l’efficacité n’a pas été prouvée, que ce soit en terme de non épisiotomie ou autre. 


Quant à la rééducation périnéale avec ce même dispositif, qui peut dire que l’incontinence qui suit l’accouchement est due à un périnée pas assez musclé? Et si c’était le contraire? Qui dit que cette incontinence n’est pas due à un prolapsus (descente d’organes)? Seuls un kinésithérapeute, une sage-femme, un médecin spécialisés, pourront vous donner réponse. Aucune rééducation périnéale ne devrait être faite de façon domestique, ni par une personne qui n’en a pas les compétences. 

Le seul moyen pour éviter une épisiotomie (même si dans certains cas, elle sera nécessaire!) ou un prolapsus, sera de faire en sorte d’avoir un périnée élastique, mobile, fonctionnel dans le premier cas et d’éviter les poussées non réflexes lors de l’expulsion du bébé dans le deuxième cas. 


Les massages périnéaux sont très à la mode, leur efficacité n’est pas prouvée, mais il permettent à la maman de prendre conscience de son corps, sans danger (gare toutefois aux huiles utilisées). 


Quant à la peur du passage de la tête du bébé, donner confiance à la maman au travers du dialogue et de l’écoute l’aidera assurément plus qu’un ballon qu’on gonfle dans ce qui n’est pas prévu pour.


Selon le journal Le Figaro Santé, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) incite les professionnels de santé à ne plus préconiser cette méthode. Clémence Schantz, membre de la commission scientifique du Collège national des sages-femmes, travaille parfois en Afrique et n’a jamais vu ça. C’est d’ailleurs elle qui a fait le point sur ce dispositif, mandatée par le CNGOF. (Source Le Figaro www.amp-sante.lefigaro.fr, article de Cécile Thibert publié le 14/01/2019.


L’approche posturo respiratoire du Dr Bernadette de Gasquet donne de très bons résultats tant en pré qu’en post natal, les futures et jeunes mamans qui suivent les cours récupèrent rapidement, ne craignent pas que la tête du bébé ne passe pas et sont rassurées quant à leurs facultés à accoucher. Ces cours visent à accompagner les modifications du corps, à le protéger et à faire en sorte de récupérer au mieux, sans forcing, en douceur.


Faites donc attention aux investissements in fine assez inutiles et plutôt à visée marketing, qui ne serviront à rien si ce n’est qu’à vous faire prendre des risques.

Connaître son corps, c’est commencer par prendre soin de lui...

Fabienne Roland - Formatrice APoR de Gasquet, Yoga pré et post natal